Tutoyer pour mieux manager ?

On raconte que Luca de Méo, fraîchement arrivé chez Renault en pleine tourmente, a immédiatement imposé le tutoiement à son équipe dirigeante.

Un choc culturel dans une entreprise marquée par une tradition hiérarchique forte. Mais ce geste symbolique visait à fluidifier les échanges, à favoriser des relations plus directes et une culture de la confiance.

Dans les environnements anglo-saxons ou scandinaves, où le "you" est unique ou le tutoiement généralisé est la norme, ces codes favorisent l’horizontalité. En France, c’est bien plus délicat : le "tu" et le "vous" ont une charge affective et sont des marqueurs sociaux.

En tant que DG d’une banque étrangère à Paris, avec des salariés d’au moins 8 nationalités différentes ; j’avais moi aussi instauré le tutoiement comme règle interne. Non par goût de la provocation, mais pour éviter les malentendus culturels ou les effets discriminatoire d’un tutoiement à géométrie variable.

Pourquoi tutoyer certains (par affinité, âge, sexe, statut) et pas d’autres. Pour les étrangers, l’usage subtil du ‘’vous’’ ou du ‘’tu ‘’étais déroutant ou même stressant.

Un jeune stagiaire m’avait un jour confié être mal à l’aise à l’idée de me tutoyer. Je l'avais encouragé en lui faisant valoir que c’était une pure convention, sans rapport avec le respect dû à chacun. Et je me devais de donner l’exemple.

Le tutoiement, dans cette perspective, est un outil d’inclusion qui facilite la proximité, la coopération et la cohésion d’équipes… à condition d’être clairement encadré (égalité de traitement, droit de s’y refuser) dans une culture d’écoute et de responsabilité.

Le tutoiement ne saurait cependant être une injonction, encore moins un faux-semblant. La politesse, la distance choisie, le respect mutuel doivent rester les fondations du vivre-ensemble au travail.

Et comme toujours… le ton est donné par le haut.

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