Le Mépris
C’était un film de Godard. C’est un essai que vient de publier le sociologue François Duret qui se lit comme une radiographie sociologique du malaise français.
Sa thèse est que nous vivons dans une société qui fabrique du mépris, ce qui nourrit le ressentiment, les colères collectives (Gilets jaunes, vote protestataire), et une fracture démocratique profonde. C’est le carburant de tous les populismes.
Le mépris fonctionne comme un poison relationnel très toxique parce qu’Il humilie, empêche le dialogue et détruit la confiance.
C’est la conséquence, nous dit, d’une société où l’on se compare sans cesse, où la réussite devient une norme morale et où celui qui n’y arrive pas serait responsable de son échec.
Il fait écho à un Michael Sander (‘’The Tyranny of Merit’’) quand celui-ci voit dans une (fausse) méritocratie une machine à produire de l’hubris chez les ‘’gagnants’’ et de la honte chez ‘’les perdants’’.
Cette analyse a des résonnances directes sur le monde de l’entreprise quand les pratiques managériales sont caractérisées par un manque de reconnaissance et vont donner aux salariés le sentiment qu’ils ne comptent pas. Une organisation où l’on ne se sent pas reconnu et, où l’on se sent, le cas échéant, méprisé, est une organisation qui désengage.
Ce que Dubet met en avant comme antidote au mépris c’est la notion d’égards, c’est à dire reconnaitre la contribution et la dignité de chacun, ne pas réduire l’autre à son statut, son niveau de diplôme, sa performance.
C’est précisément l’essence de ce que doit être le management, humble, relationnel et inclusif.
Une lecture particulièrement recommandable.